Créée par Éric Rochant, Le Bureau des légendes (Canal +, 2015-2020) explore le monde du renseignement en décrivant le travail du service des agents clandestins de la DGSE. Face aux incertitudes et aux complexités géopolitiques du monde contemporain, elle fait le choix d’une immersion au cœur du « renseignement humain ». Cet article envisage l’hypothèse selon laquelle une telle fiction permet de restaurer la confiance des spectateurs vis-à-vis de la capacité d’une démocratie à lutter contre ce qui la menace. En (...) plongeant son spectateur dans les coulisses du renseignement, en le familiarisant avec des personnages complexes, la série questionne la légitimité de la confiance qu’il est possible d’accorder à un service de renseignement. La faillibilité des agents, mise en scène de façon détaillée, réfléchie par la série elle-même, rassure parce qu’elle permet de comprendre et de partager une forme de vie spécifique qui est celle de l’action secrète. L’espionnage, le contre-espionnage et le contre-terrorisme apparaissent alors comme des pratiques reposant en dernier ressort, non pas sur une maîtrise absolue, mais sur la décision de faire confiance ou au contraire de se méfier. Mobilisant les recherches de la sociologie contemporaine à propos de la confiance (Giddens, 1994 et Luhmann 2006), il s’agit de décrire Le Bureau des légendes comme une fiction projetant sur nos écrans, la possibilité d’une restauration de la confiance ou pour le dire à la manière de Stanley Cavell, une issue possible au scepticisme. (shrink)

La sociologie est née parallèlement à la modernisation occidentale ; ses principales positions héritées de l’ère classique portent sur la modernité et son impact sur les sociétés nationales. Après la décolonisation, la modernisation du « Tiers-Monde » a ouvert la voie à la notion de globalisation. La sociologie de la globalisation est une spécialité actuelle au sein des associations américaines et européennes de sociologie. La promesse d’une sociologie globale est à l’ordre du jour de l’Association (...) class='Hi'>internationale de sociologie depuis au moins 1990. À un niveau plus profond, la sociologie globale exige de ne pas penser le rôle de concepts fondamentaux tels que la modernité, la religion ou la société par rapport à leurs origines occidentales. Les études globales et la sociologie postcoloniale, deux des domaines de recherche les plus connus qui revendiquent une visée globale, sont examinées afin de déterminer si elles fournissent des ressources conceptuelles adéquates pour la sociologie globale. Si les programmes de recherche de ces deux disciplines offrent des perspectives prometteuses, l’enquête suggère que toutes deux souffrent d’importants inconvénients. La tradition sociologique se trouve aujourd’hui dans une impasse ; la fragmentation peut persister, mais d’autres possibilités existent également. Aucune solution de grande ampleur n’est peut-être possible. Une sociologie véritablement mondiale pourrait finalement émerger des interprétations originales qui se développent à partir de parcours historiques non occidentaux. (shrink)

Livres Une généalogie du spiritualisme français. Aux sources du bergsonisme : Ravaisson et la métaphysique, La Haye, Martinus Nijhoff, 1969, coll. « Archives internationales d’Histoire des Idées », no 30, X, 278 p. [2e éd. sous le titre Ravaisson et la métaphysique, Paris, Vrin, 1997]. Hegel et le destin de la Grèce, Paris, Vrin, 1975, coll. « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie », 379 p. ; 2e éd. 2005. La métaphysique à la limite. Cinq études sur Heidegger (en collaboration avec (...) Jean-F... (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:A Bibliography of the New Rhetoric ProjectDavid A. Frank and William DriscollScholars do not have access to a complete bibliography of the new rhetoric project. We have redressed this problem by compiling what we believe is the most comprehensive bibliography to date of the works of Chaïm Perelman and of those he coauthored with Lucie Olbrechts-Tyteca. The bibliography includes all the English and French titles, as well as titles (...) that saw first publication in other languages. Translations we believe Perelman may have authorized or endorsed are included.With this bibliography, scholars can now better understand how the new rhetoric project was conceived and how it unfolded. Within the larger constellation of the project, Perelman's bibliography is the most extensive, numbering almost three hundred entries. The trajectory of Perelman's scholarship reveals the origins of the new rhetoric project and how it evolved between the time of his announcement in 1949 that he and Olbrechts-Tyteca had embarked on a program designed to rehabilitate reason and the period of his final articles in the 1980s. A review of the articles and books that came out of the Perelman and Olbrechts-Tyteca collaboration reveals both a phase of conceptualization and development of the project and a phase of culmination. In the first phase, commencing with Rhétorique et philosophie, the authors established the need for a rhetorically grounded philosophy. As they built toward the publication of the Traité, [End Page 449] the culmination of their ten-year effort, they wrote articles elaborating on "notions" in argumentation (1955) and on the tenets of the "new rhetoric" (1956). In 1958, the year the Traité appeared, they published articles on classical and romantic loci in argumentation and on time in argumentation. With the exception of a 1983 tribute to the theorist Pareto, they did not write together after 1958 but instead pursued separate lines of research out of their collaboration. A significant number of theses entries rehearse and embellish notions introduced between 1947 and 1958, the years of the genesis, development, and culmination of Chaïm Perelman and Lucie Olbrechts-Tyteca's new rhetoric project.AbbreviationsChALe champ de l'argumentationDMPDroit, morale, et philosophieEDEthique et droitIJPAThe Idea of Justice and the Problem of ArgumentJLAJustice, Law, and Argument: Essays on Moral and Legal ReasoningNRHThe New Rhetoric and the Humanities: Essays on Rhetoric and Its ApplicationsJJusticeJRJustice et raisonRPRhétorique et philosophie pour une théorie de l'argumentation en philosophieBibliography1931 "Esquisse d'une logistique des valeurs." Revue de l'Université de Bruxelles 36 (3–4): 486–96. Google Scholar1932 "A propos de la philosophie de M. Dupréel." Revue de l'Université de Bruxelles 37 (3): 385–99. Google Scholar1933 "De l'arbitraire dans la connaissance." Archives de la Société belge de philosophie 5 (3): 5–44. Google Scholar"Le statut social des jugements de vérité." Revue de l'Institut de sociologie 13 (1): 17–23. Google Scholar1935 "Réflexions sur l'assimilation." La tribune Juive 12:51–52. [End Page 450]Google Scholar1936 "L'antinomie de M. Gödel." Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique 22 (6): 730–36. Google Scholar"Les paradoxes de la logique." Mind 45 (178): 204–8. Google Scholar1937 "L'équivalence, la définition et la solution du paradoxe de Russell." L'enseignement mathématique 36 (5–6): 350–56. Google Scholar"Metafizyka fregego." Kwartalnik filozoficzny 12 (2): 121–42. Google Scholar"Réponse à MM. Grelling et Beth." Mind 46 (182): 278–79. Google Scholar"Une solution des paradoxes de la logique et ses conséquences pour la conception de l'infini." In Congrès Descartes: IXe Congrès international de philosophie, 6:206–10. Paris: Hermann. Google Scholar1938 "Etude sur Frege." PhD diss., Université Libre de Bruxelles.1939 "Etude sur Gottlob Frege." Revue de l'Université de Bruxelles 44 (2): 224–27. Google Scholar"De logica en het vrije onderzoek." Revue de l'Université de Bruxelles 44 (2): 209–19. Google Scholar"La morale des forts et la morale... (shrink)

1. T. Die Prinzipien der Gesellschaftslehre.--2. T. Rechtsphilosophie.--3. T. Die soziale Ordnung.--4. T. Wirtschaftsethik Galen -- 5. T. Politische Ethik.

Cet ouvrage propose une lecture nouvelle de la doctrine de la religion chez Bergson, en analysant la méthodologie originale empruntée par le philosophe, notamment dans Les Deux Sources de la Morale et de la Religion. Celle-ci met en jeu sa métaphysique spiritualiste et les acquis de la sociologie de son temps, en l'occurence celle de l'École française fondée par Émile Durkheim. L'originalité et la modernité de la démarche bergsonienne résident dans l'intégration différentielle de ces deux points de vue, où (...) chacun d'entre eux se trouvent en retour redéfinis dans une perspective nouvelle. En adoptant ce « mixte » méthodologique, Bergson reconnaît ainsi la nécessité de traiter le fait religieux dans sa polymorphie, à la fois comme fait spirituel et social. Dans cette optique, le fait mystique, saisi indépendamment du dogme et de la foi, occupe une place centrale dans la mesure où, d'une part, il s'impose de manière inédite dans la doctrine bergsonienne comme l'« auxiliaire puissant de la recherche philosophique », et où, d'autre part, en s'incarnant dans des « individualités », il met à jour une dialectique subtile qui se joue entre le social et le spirituel, envisagés de manière divergente par la métaphysique bergsonienne et la sociologie durkheimienne. Brigitte Sitbon-Peillon tente ainsi de comprendre le rapport complexe qui se joue entre les différents niveaux de ce savoir, où la religion devient le medium suscitant leur articulation. On y voit comment Bergson, dans son dernier ouvrage, tout en déployant les conditions d'une épistémologie originale à une époque décisive pour l'histoire des sciences, s'éloigne des métaphysiques classiques, mais ne court pas le « risque » d'une abolition de son exigence spéculative : celle de faire de la philosophie une expérience intégrale. Pages de début Œuvres de Bergson Introduction Première partie. Mysticisme et philosophie Chapitre I. Le fait mystique Chapitre II. Les mysticismes Chapitre III. Objectivation du mysticisme Chapitre IV. Fonction épistémologique du mysticisme Conclusion de la première partie Deuxième partie. Une méthodologie « mixte » : entre métaphysique et sociologie Chapitre I. Le « mixte » Chapitre II. Des primitifs au primitif Chapitre III. Le social et le spirituel Conclusion de la seconde partie Conclusion générale Bibliographie raisonnée Index des noms Pages de fin. (shrink)

La renommée nationale et internationale de Pierre Bourdieu lui est venue de la sociologie, une sociologie un peu particulière, dite " des élites ", ou plus communément, " de la domination ", au fil de laquelle il ne se fit pas faute de fustiger les représentants de celle qu'il appelait " La discipline du couronnement ", la philosophie. C'était là pourtant son terroir d'origine, sa formation première, et la seule dans laquelle il possédât un diplôme. Mais il (...) ne voyait dans ses anciens " collègues " que des lectors figés dans une position scolastique qui les éloignait des urgences du monde et du " sens pratique ". Pourtant, c'est à l'aide de La philosophie qu'il critique la philosophie, et vise à l'éduquer, qu'il forge les concepts majeurs de sa sociologie, comme l'habitus, la violence symbolique. Et l'enjeu de ses recherches est encore un enjeu philosophique, qui le rapproche de ceux qui ont voulu transformer le monde, au lieu de se borner à le penser. (shrink)

Contrairement à Auguste Compte qui voyait dans la famille organisé autour d’un couple hétérosexuel procréateur non seulement la véritable base de la société, mais aussi, par déduction, la justification des différences naturelles des sexes jusqu’à la subordination de la femme à l’homme, Durkheim s’emploie à démontrer que les différences observables entre les deux sexes ne sont en aucun cas naturelles, mais bien le produit de la division sexuée du travail, ce qui revient à rompre radicalement avec les représentations dominantes à (...) son époque. Par ailleurs, la famille conjugale n’est pas, selon lui, la modèle vers lequel tendrait notre nature, mais bien une institution sociale, autrement dit une construction, dont la cohérence normative résulte avant tout de la division du travail. Marcel Mauss poursuivra le travail de distanciation de son oncle en franchissant une autre étape. Les progrès fulgurants de l’ethnographie au début du XXe siècle permirent en effet à ce dernier de démontrer que plus on s’éloigne du modèle des sociétés modernes, plus la division par sexes est forte. Loin d’être le produit d’une conception naturelle des différences, les rapports entre les sexes dans les sociétés polysegmentaires relèvent en réalité de la règle et par conséquent d’une division "par sexes". Ce n’est pas à la perfection de la nature humaine et à la civilisation que l’on doit la distinction des qualités masculines et féminines puisque la division par sexes était déjà réglementée dans les sociétés dites "primitives". (shrink)

The paper questions the assumption widely held within the social sciences that “modernity” has always been a topic central to the founders of sociology. It claims that it was not before the late 1960s and early 1970s when this term caused an oftentimes heated debate. It is also remarkable that from the very beginning the discourse on modernity was accompanied by the talk of a crisis of this epoch. Since the late 1990s attempts could be seen to pluralize the term (...) when authors referred to “multiple”, “entangled” or “colonial modernities” in order to overcome the ethnocentric bias of the early discourses on modernity and modernization. But all that could not hide the fact that these terminological shifts did not solve the most important problems of the original concept which raises the question whether “modernity” in general (whether the term is pluralized or not) can and should be regarded as a useful tool for sociological analysis. (shrink)

: The transfer of modes of thought, concepts, models, and metaphors from Darwinian and Lamarckian evolutionary biology played a significant role in the mergence, constitution, and legitimization of sociology as an autonomous discipline in France at the end of the nineteenth century. More specifically, the Durkheimian group then came to be recognized as "French sociology." In the present paper, I analyze a facet of the struggle among various groups for this coveted status and demonstrate that the initial adherence to and (...) subsequent abandonment of "the biological" played an important, but complex, role in the outcome of that struggle. Furthermore, the choice of biological model, whether Darwinian or Lamarckian, had repercussions on one's position in that cultural field. The outcome of the "battle" between René Worms' group that supported and contributed to the Revue Internationale de Sociologie (RIS) on the one hand, and Emile Durkheim's group and those committed tothe L'Année Sociologique (AS) on the other—from which the Durkheimians emerged victorious—was due not only to internal scientific factors, but also to a particular juxtaposition of developments within sociology and anthropology and their relation to and interaction with French culture and politics at large. (shrink)